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Heures Supp
30 août 2017

Les leçons des crises

Selon un article écrit par Narayana Kocherlakota, ancien membre de la FED, la crise économique qui a frappé le monde de la fin des années 2000 a été, en certains points, pire que celle des années 30. Outre des données économiques extrêmement faibles dans le courant de la décennie, l'auteur estime que la faille actuelle est plus à chercher dans l'inconscience des pouvoirs publics qui sous estimeraient les effets à long terme d'une telle crise, et n'appliqueraient pas des politiques adaptées à sa franche résolution. Dans quelle mesure la crise de 2008 frappe t elle encore l'économie mondiale, et plus spécialement l'Europe ou la France ? Quels sont les effets qui se diffusent encore au sein de nos économies ? Alexandre Delaigue : Une chose est certaine : quand on regarde la courbe d’évolution du PIB dans les divers pays touchés par la crise de 2008, on observe un « trou d’air » entre 2008 et 2010 suivi d’un redémarrage économique plus ou moins rapide. Mais normalement, si un pays connaît une crise, il doit croître un peu plus rapidement ensuite pour rattraper le terrain perdu. Rien de tel dans les pays riches qui depuis la fin de la crise ont un rythme de croissance assez lent. Il y a deux manières de voir les choses à partir de cela. La première est de penser que ce rythme lent est la nouvelle norme, qu’on ne rattrapera jamais le terrain perdu pendant la crise, que structurellement nos économies ne peuvent pas croître plus, seuls des changements dans la structure économique des pays (à l’aide éventuellement de réformes) peuvent améliorer les choses ; la seconde est de considérer que c’est cette situation qui est anormale, parce que les réactions à la crise ont été insuffisantes, qu’il y a donc moyen de rattraper le terrain perdu pour peu que l’on adopte les bonnes politiques économiques. Dans cette seconde approche une politique de soutien à la demande plus importante pourrait avoir des effets favorables. N. Kocherlakota se place dans ce second camp, qui considère que l’on pourrait faire plus. La fed, comme la BCE d’ailleurs, semble se placer plutôt dans l’idée de la décennie perdue. Pour compliquer les choses, il faut noter ce qu’on appelle l’effet « d’hytserese » : la crise a duré tellement longtemps que ce qui était initialement un problème de demande globale insuffisante finit par devenir un problème structurel. Les salariés au chômage depuis trop longtemps finissent par devenir inemployables, les entreprises qui ont fermé ont perdu des compétences et ne peuvent plus rouvrir, des régions sont globalement sinistrées, etc. Nous en sommes là en ce moment. Nicolas Goetzmann : Tout d’abord, Narayana Kocherlakota a un profil assez particulier dans le débat économique américain, il fait partie de ces rares personnes qui ont « changé d’avis » pendant la crise. Alors qu’il prônait une politique stricte avant 2012, il a soudainement basculé, alors qu’il était encore gouverneur de la FED, en soutenant un soutien accru de l’économie par la Banque centrale, il est même devenu le plus radical soutien à une politique monétaire expansionniste. La raison de ce retournement est à chercher dans les faits ; lorsque les faits ont changé, il a changé d’avis. Et c’est précisément cette question qui est au centre du débat proposé ici, les faits ont changé, la crise a été d’une nature bien particulière, et la plupart des dirigeants politiques et économiques n’ont toujours pas changé d’avis. C’est ce qui explique ce décalage, qui est très prégnant en Europe, et qui explique comment la zone euro est parvenue à perdre plus de 20 points de croissance par rapport à son potentiel depuis 2008.

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